Les escroqueries de sortie (en anglais, Exit Scam) sont un type de fraude courante dans le secteur des FinTech, dont Thodex en est à présent le sujet de notre article. L’auteur de la fraude commence par établir de la crédibilité auprès d’un groupe d’investisseurs ou de déposants afin de se faire passer pour une entreprise ou un service fiable.
Cependant, une fois de nouveaux capitaux attirés vers son projet, l’auteur de la fraude met fin au projet et s’enfuit avec les fonds de ses clients ou des utilisateurs.
L’affaire de la bourse de cryptomonnaies turque Thodex est un cas similaire de ce type de fraude (exit scam). Soudainement, plus de 400 000 utilisateurs de cette bourse n’avaient plus accès à leurs comptes.
Son fondateur, Faruk Fatih Özer, en cavale, a finalement été arrêté en Albanie et il serait en cours d’extradition vers son pays d’origine, la Turquie, d’où il a fui. Cette information a été fournie par les autorités des deux pays.
L’alibi de la cyberattaque
Faruk Fatih Özer a en effet décrit l’incident, lorsqu’il a eu lieu en avril 2021, comme une cyberattaque. Les utilisateurs de la bourse et la population turque ont voulu croire en la bonne foi du fondateur de Thodex lorsqu’il les a rassuré en disant que leurs fonds étaient toujours en sécurité.
C’est sans compter que ce dernier allait contredire cette version en déclarant un arrêt nécessaire. Ceci, dans l’optique de mener à bien un supposé investissement que Thodex était en train de réaliser.
Les autorités turques ont donc pris des mesures imminentes et ont perquisitionné dans les bureaux de la bourse. Au bout du compte, plus de 60 personnes sont arrêtées, plusieurs d’ordinateurs sont réquisitionnés avec des documents importants de la société.
Le fondateur de Thodex n’a cependant pas été retrouvé durant cette opération, car il a fait le choix de fuir le pays et d’atterrir en Albanie. Il est poursuivi, à la fois, par les autorités locales et par Interpol. Un mandat d’arrêt international (notice rouge) à l’encontre de Faruk Fatih Özer a été lancé puis a conduit donc à son arrestation.
Un incident qui ternit la popularité des cryptomonnaies en Turquie
Les cryptomonnaies ont, depuis 2020, servi d’échappatoire à l’inflation croissante en Turquie. Le mois dernier, un bond de 79,6 % des prix sur une base annualisée a par exemple été enregistré.
Le président Recep Tayyip Erdogan et d’autres organes du gouvernement ont refusé de prendre des mesures drastiques pour réduire cette augmentation des prix au sein de l’économie. Des taux d’intérêt à faible niveau restent cependant maintenus.
L’alternative pour de nombreuses personnes a été de s’éduquer à l’écosystème des actifs cryptographiques et à leur impact sur l’économie, afin d’y investir. Différentes monnaies ont alors gagné en popularité dans toute la Turquie.
Les échanges de cryptomonnaies, pour protéger le pouvoir d’achat des avoirs durement gagnés en les convertissant en stablecoins tels que USDC et USDT, sont devenus des pratiques courantes. D’où l’intérêt accordé aux entreprises à l’image de Thodex qui a malheureusement profité des circonstances pour mettre en place son escroquerie.
Combien Thodex doit-il à ses clients après son exit scam ?
La société Thodex aurait traité des dépôts pour des clients d’une valeur supérieure à 2 milliards de dollars. La bourse a continué de faire des transactions malgré le fait que son PDG soit en cavale.
Un rapport de Decrypt indiquait que la société avait envoyé pour environ 125 millions de dollars de bitcoins (BTC) à Kraken, une bourse de cryptomonnaies, basée aux États-Unis.
Plusieurs autres activités anormales provenant des portefeuilles de l’échange confirment de plus en plus la théorie de l’« exit scam ». Heureusement, dès que Faruk Fatih Özer sera extradé en Turquie, celui-ci pourra être confronté à ses actions.
Selon les lois de la Turquie, la fraude électronique et les accusations similaires sont passibles de 3 à 10 ans d’emprisonnement avec des amendes à payer. Faruk Fatih Özer encourt alors d’importantes peines de prison.
L’exit scam de Thodex rappelle l’affaire QuadrigaCX
Une ancienne fraude à la sortie qui fait de nombreuses victimes dans l’écosystème des cryptomonnaies est celle de QuadrigaCX. En 2018, les utilisateurs de ce jeton canadien ont commencé à rencontrer des difficultés pour retirer leurs avoirs de la plateforme.
Gerald Cotten, le fondateur de QuadrigaCX, est soudainement décédé en Inde et personne, excepté lui, n’avait apparemment accès aux fonds des utilisateurs. Ceux-ci étaient détenus dans un portefeuille dont le fondateur de QuadrigaCX était le seul à connaître les clés privées.
Même si à ce jour les fonds dus aux clients de QuadrigaCX n’ont jamais été récupérés, la bourse doit toujours plus de 190 millions de dollars en actifs numériques. Pour de nombreuses personnes, Cotten n’est pas réellement mort, car il existe des preuves que son certificat de décès ne semble pas en conformité.
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